Chère Élisa,
C’est un message comme un autre, parce que votre article sur votre pré-ado collégien m’a fait rire.
Je suis ici, du haut de mes 23 ans, pour vous dire qu’il vous reste encore bien des années de questionnements. J’ai été ado, comme tout le monde et pendant trois ans… Je me suis occupé d’eux, de tous les Jules, les futurs Lou, et les futur Mia. J’ai été assistante d’éducation, pour ne pas dire pionne, au sein d’un collège de 800 élèves. Cinq jours sur sept, de 7h30 à 17h30, et parce que vous êtes maman, et que de nombreux parents, futurs parents, ou anciens parents vous lisent… J’ai envie de vous raconter.
Je suis ici, du haut de mes 23 ans, pour vous dire qu’il vous reste encore bien des années de questionnements. J’ai été ado, comme tout le monde et pendant trois ans… Je me suis occupé d’eux, de tous les Jules, les futurs Lou, et les futur Mia. J’ai été assistante d’éducation, pour ne pas dire pionne, au sein d’un collège de 800 élèves. Cinq jours sur sept, de 7h30 à 17h30, et parce que vous êtes maman, et que de nombreux parents, futurs parents, ou anciens parents vous lisent… J’ai envie de vous raconter.
Je ne sais pas comment sont les autres collèges, à vrai dire je suis restée sur celui où moi-même j’étais élève il y a seulement quelques années. J’ai voulu voir, passer de l’autre côté, du côté adulte. Et on ne nous dit pas assez, quand on a 11 ou 15 ans, à quel point cela peut être difficile de s’occuper de 800 élèves, on ne nous dit pas tous les efforts, toute la patience, toutes les connaissances qu’on se doit d’avoir, rien que pour que ces 800 enfants puissent passer une bonne journée, ou une pas trop mauvaise.
J’ai commencé à seulement 20 ans, et laisse moi vous dire…Vos enfants ne deviendront jamais parfaits, et aidez-les, aimez-les, parce que c’est vous, leurs parents, qui rythmez leurs brins de vie, leurs débuts, leurs espérances. Ils croient en vous, alors ne les rabaissez pas, ne leur hurlez pas dessus, communiquez, et encore une fois.. aidez-les et surtout aimez-les.
J’ai vu beaucoup de choses, et pour certaines d’entre elles… Je n’étais pas prête, mais j’ai du l’être. Mais dîtes-vous, que nous sommes là, nous, surveillant dans ces collèges que vos élèves n’aiment pas forcément, nous sommes là, et nous faisons en sorte que vos enfants aillent bien, que leur journée soit belle. Nous sommes ici en soutient, et ils nous parlent, nous demandent de l’aide, pour des cours de math, des problèmes familiaux, ou des sentiments qu’ils apprennent à apprivoiser. Et nous sommes là, c’est notre devoir, notre travail. Et c’est épuisant, parce qu’ils ne sont pas deux, trois ou quatre, non, ils sont 800. J’ai appris grâce à vos enfants, c’est un échange, je voit vos enfants grandir, et ils m’ont fait grandir en retour.
Ne sous-estimez jamais leurs rires, leurs pleurs, leurs questions incessantes, répondez du mieux que vous pouvez à leurs interrogations, riez à leurs blagues, à leur insouciance, écoutez leurs problèmes (même les plus petits, parce qu’une chose minuscule à vos yeux… Est surement énorme pour eux), et ne leur dites jamais qu’ils n’y arriveront pas, mais dites leurs qu’ils peuvent y arriver s’ils le veulent vraiment. Écoutez-les, ils sont en train de grandir, mais sans vous… ils leur arrivent de se perdre.
Je vous dirais simplement que mes trois ans avec vos enfants, ados, pré-ados, ont été une pure merveille, parce qu’à chaque fin d’année, c’est avec un pincement au cœur que je les ai laissé pendant deux mois d’été, et c’est avec une joie infinie que je les ai vu grandir et accomplir un million de choses, aussi petites soit-elle. Ne sous-estimez pas les assistants d’éducation des collèges où sont vos enfants, nous ne sommes pas tous pareil, mais je peux vous dire que moi, dans ce travail, ce sont vos enfants qui m’ont appris à être l’adulte que je suis aujourd’hui. Et nous sommes là pour vos enfants, rien que pour eux, alors n’hésitez pas à communiquer avec nous, nous sommes là, 9 ou 10 heures par jour pour prendre soin de vos enfants, alors la communication est essentielle.
Un petit mot pour tous les assistants d’éducation qui liront ça… S’il vous plaît, soyez patients, apprenez à vivre avec eux, parlez leurs, écoutez-les, ne vous braquez pas, comprenez, communiquez, vous pouvez apprendre à leur contact autant qu’ils peuvent apprendre avec vous, faites attention au détail, aux mots que vous employez.
J’ai vu évoluer plus de 900 enfants, peut-être les vôtre, ils ont mis ma patience à rude épreuve, ils m’ont fait craquer, pleurer, douter, ils m’ont fait évoluer, mais surtout…Surtout ils m’ont fait rire, chaque jour. Ne doutez pas qu’ils sont tous merveilleux. Ils ont tous quelque chose à nous apprendre.
Alors Élisa, ne doutez pas. Ils sont malins, un pull reste un pull, et bientôt il ne voudra plus du tout être accompagné même 350m avant le collège, il continuera de se persuader et de vous dire que vous ne comprenez rien, et un jour, il vous remerciera.
Chloé.
Autoportrait de nous deux by Julot.
C’est vrai nous les accompagnons à grandir et eux aussi nous font grandir.
Ici nous sommes à une année du collège. L’année prochaine Maxime rentrera en 6eme.
J’avoue que j’aime le voir grandir, s’intéresser à de nouveaux sujets, me raconter, voir sa personnalité s’affiner, et puis les câlin encore chaque soir (pourvu que ça ne s’arrête pas!!!). Mais j’ai aussi peur. Peur qu’il se perde comme tu le dis Chloé. J’entends beaucoup d’histoire d’ados qui se perdent, de parents qui n’arrivent plus à les rattraper. Mon amie Sonia a vécu une année horrible avec son fils qui était en troisième. Il commençait à « »filer du mauvais coton » (expression de vieille non? A ne pas utiliser avec des ados sous peine de moquerie?) . Elle ne savait plus comment faire, me dit avoir tout essayé. Alors elle s’est tournée vers des pro. Elle m’a dit que c’était difficile parce qu’il la faisait culpabiliser en lui disant qu’elle voulait se débarrasser de lui, mais non!!Elle veut être aidé et surtout que lui soit aidé car elle n’a pas les clés cette fois. Il est donc cette année en pension, pas très loin. Je la comprend. Je pense que lorsque notre enfant se perd et que nous n’avons plus les clés, il vaut mieux se faire aider.
Ah l’adolescence, toute une histoire!!
Une bien jolie lettre! C’est tellement important de parler de ces métiers dont on ne parle pas beaucoup justement, car considérés comme « secondaires »: assistants d’éducation, ATSEM etc… Ils sont pourtant si utiles pour les enfants, pour les ados! Un bien joli témoignage!
Une bien jolie lettre! C’est tellement important de parler de ces métiers dont on ne parle pas beaucoup justement, car considérés comme “secondaires”: assistants d’éducation, ATSEM etc… Ils sont pourtant si utiles pour les enfants, pour les ados! Un bien joli témoignage!
Oui Chloé, nos enfants ont besoin d’être écoutés; ce qui nous parait parfois anodin peut prendre des proportions énormes et rien n’est pire que de voir un enfant s’enfermer dans le mutisme.
Mon grand a aujourd’hui 17 ans et nous avons eu la chance de pouvoir le scolariser dans un tout petit collège, de moins de 100 élèves. C’est une vraie chance, parce que nous y étions comme en famille et avons noué des relations de confiance avec l’équipe enseignante : au bout de ces 4 années passées ensemble, ils connaissaient mon grand sur le bout des doigts.
Alors pour le lycée, on a récidivé et choisi un tout petit établissement aussi. Certes, ce n’est pas un lycée prestigieux, le choix d’options est limité et les trajets longs pour y aller. Mais je crois que de ce côté-là aussi, c’est encore et toujours l’humain qui passe avant tout. Parce que le plus important pour moi est de voir mes garçons aller le matin à l’école avec le sourire.
Quel beau témoignage !
La patience, la communication, la complicité peuvent se perdre par moment mais il ne faut jamais lâcher ! Persévérer…
Merci et bravo à toutes les personnes qui travaillent avec et pour nos enfants tous les jours dans les écoles, collèges et lycées !
Belle journée à tous
je reste avec la dernier phrase « il continuera de se persuader et de vous dire que vous ne comprenez rien, et un jour, il vous remerciera. »
:):)
J’en ai connu des « pions » et « pionnes »… Des bons, des moins bons, certains qui essayent de se faire respecter, qui hurlent en croyant que cela va fonctionner mais pas du tout …
J’ai surtout connu « Cédric », Cédric c’est le gars qui est là parce qu’il a besoin de travailler mais qui n’a pas encore réussi ses concours de la fonction public. Il habite dans la ville où est mon collège, il a l’âge de mon frère (on a donc 13 ans d’écart). On le taquine beaucoup avec les copines, on rigole pas mal avec lui …
Puis un jour, grosse crise de panique pour moi, mais lui était présent et savait très bien ce qui m’arrivait durant cette période de ma vie. Il a été là à me rassurer, à trouver les bons mots comme l’aurait fait mon grand-frère. Je n’ai jamais oublié.
Le collège fini j’ai quitté ce lycée et ce pion. Puis la vie l’a remis plusieurs fois sur mon chemin, c’est toujours avec plaisir que je prends 5 minutes pour parler avec lui, ça fait bien longtemps que je ne l’ai plus vue en face à face, mais merci Facebook on se parle de temps en temps grâce à ça …
Je me retrouve un peu dans cette Chloé et pas seulement pour son prénom.
Je travaille également dans plusieurs écoles, et les enfants me font autant sourire que pleurer.
Bonne journée Elisa
Chloé
C’est en travaillant auprès des enfants (plus petits dans mon cas) que je trouve le plus de sens à ma vie. C’est là que je me sens utile, aimée, aimante, vivante. ce n’est pas simple tous les jours, mais c’est tellement enrichissant que ça vaut tout l’or du monde 🙂
Bravo et merci pour ce témoignage Chloé!
C’est beau comme texte! Cette semaine j’ai un peu de mal avec les assistants d’éducation de mon beau fils de 12 ans. Celui ci fausse gros efforts depuis le début de l’année pour faire ses devoirs au collège lors des permanences, demander de l’aide aux pions ou même cpe, s’organiser pour faire plaisir à tous le monde,bref pour grandir correctement, mais les assistants d’éducation de son collège doivent sûrement se foutre qu’il veuille grandir correctement! Car quand il demande de l’aide pour ses devoirs les assistants d’éducation(qui contient le mot « éducation » dedans) lui dise que c’est bon alors que ce n’est pas bon! Comment les remercier dans ce cas quand notre enfant est tout fier de nous dire que les devoirs sont fait et que lorsque l’on vérifie c’est empli d’erreurs? Comment dire à un enfant fier d’avoir fait ses devoirs comme il faut (en tout cas il le pensai) que c’est faux, qu’il doit recommencer parce que les surveillants se fiche de savoir si c’est bon ou pas! Mon Simon me répond « ils sont bêtes ou quoi? Faut qu’il retourne en 5eme » et moi je me dit « oui sûrement ou qu’ils deviennent un peu plus pro et adultes… » Voilà mon coup de gueule, cependant vous avez l’air d’être une de ces surveillante bienveillante alors merci
Un magnifique texte ! Je n’ai jamais été très proche des « pions » mais je n’en ai jamais vraiment eu besoin également. En tout cas, ce texte est criant de vérités pour plein de choses. Je retiens notamment cette phrase « Ne sous-estimez jamais leurs rires, leurs pleurs, leurs questions incessantes, répondez du mieux que vous pouvez à leurs interrogations, […] et ne leur dites jamais qu’ils n’y arriveront pas, mais dites leurs qu’ils peuvent y arriver s’ils le veulent vraiment. « , tellement vrai et pourtant si peu de parents semblent le faire …
Un magnifique texte ! Je n’ai jamais été très proche des « pions » mais je n’en ai jamais vraiment eu besoin également. En tout cas, ce texte est criant de vérités pour plein de choses. Je retiens notamment cette phrase « Ne sous-estimez jamais leurs rires, leurs pleurs, leurs questions incessantes, répondez du mieux que vous pouvez à leurs interrogations, […] et ne leur dites jamais qu’ils n’y arriveront pas, mais dites leurs qu’ils peuvent y arriver s’ils le veulent vraiment. « , tellement vrai et pourtant si peu de parents semblent le faire …
Joli témoignage, ce n’est jamais facile de travailler avec des ados ^^
Merci Chloé pour ce joli témoignage. Tu semble prendre à coeur ton travail et t’y investir. J’espère que de nombreux assistants d’éducation pensent comme toi.
Merci Chloé pour ton témoignage et merci Elisa de l’avoir publié. Mon ado de presque 16 ans a changé de lycée cette année, son choix de partir en 1ère L. Il a laissé ses amis de l’année dernière et l’adaptation est très difficile pour lui. Depuis le début de l’année, j’ai dû appeler au moins un dizaine de fois la vie scolaire, et je suis tombée à chaque fois sur des assistantes d’éducation très gentilles, à l’écoute. Alors merci. Je continue d’être à l’écoute de mon ado, qui veut retourner dans son établissement précédent, juste pour retrouver ses amis…. le chemin va être long mais je m’accroche et lui aussi.
Bonjour,
j’ai été « pionne » pendant trois ans dans un lycée Pro et très franchement, peut -être parce que j’avais déjà moi-même un enfant que je ne me suis pas autant attachée aux élèves que la jf qui témoigne. Je respecte les élèves mais l ‘effet de groupe a un effet délétère sur le climat de l’établissement.
C’est le proviseur qui donne le ton, qui valorise (ou pas) les pions (ou AED dans le jargon) et les CPE qui les embauchent et chapeautent au quotidien.
J’ai bien aimé mon travail mais le lycée où j’ai travaillé était sincèrement l’arche de Noé et quand j’écoute mes collègues prof qui y travaillent encore les conditions de travail se sont encore dégradées : les élèves chantent » on va la faire craquer » en début de cours en parlant de la prof ( sic), les élèves urinent et défèquent à côté des toilettes et j’en passe.
J’ai rendu mon tablier sans me retourner parce que l’herbe est plus verte ailleurs
Moi j’ai adoré être prof de 630 élèves par an. Certains me contactent via copainsd’avant, à chaque alerte de ce site je me demande bien qui va sortir du chapeau. – rires –
Ce témoignage est bouleversant. Juste et criant de vérité. Ca remet les idées en place, et annonce joliment cette période cruelle de l’enfant qui renie son parent, mais ô combien nécessaire à son émancipation, à la création du jeune adulte qui n’annonce !